dimanche 14 mars 2010

Quelle heure est-il?



Il y a des nuits, comme ça, où le sommeil nous déserte. Le marchand de sable fait la gueule, dirait-on; je ne sais pas vraiment pourquoi, mais tant mieux.
C'est au cœur de la nuit, la fatigue aidant, peut être, qu'on se sent plus seul que jamais. Dans le creux des plus profondes ténèbres, quand pas un bruit ne vient rompre le silence, quand tout dort, quand tout est mort. Les heures défilent, et l'ivresse vient, l'ivresse de musique, de rêves, de mots, quand les digues lâchent et libère les sentiments, les émotions, tout ce qu'on enferme le jour durant...
L'éveil est une sobriété de l'âme, le rêve son ébriété, sa soûlerie; le délire, le songe, la fantasmagorie, dissouts par la lumière, ne vivent que dans l'ombre, dans la nuit bleue qui presse ses doigts gourds contre les fenêtres. Derrière les volets clos, quelques lumières, quelques murmures, quelques bruits.

Et puis, plus rien.

La musique dans le silence, et les voix qui s'entremêlent; des mots, des mots tout simples tissés savamment qui savent éveiller dans le coeur des choses qu'on ignore. Ce n'est que dans le secret de la nuit que s'éveillent certaines choses; c'est une danse, un chuchotis dans l'oreille qui m'emporte, loin d'ici.
Rêve, rêve! Dieu, qu'il est bon de se laisser emporter!
Abrutie de fatigue, je m'en fous, je reste là, les yeux dans le vague, à boire cette liqueur d'infini distillée par les notes, les guitares et les voix douces qui chantent aux creux de mes oreilles. Fort, très fort, beaucoup trop peut être, mais peu importe, le sentiment est plus important. Pour rien au monde je ne renoncerai à ces instants, cette douceur un peu amère, et la mélancolie qui s'insinue, pour rien au monde, non pas pour tout son or et toutes ses richesses, je ne cèderai ce qui n'appartient qu'à moi!
Je suis là et je suis seule, dans le noir, dans les ténèbres, dans le silence et le vacarme, et je rêve!
Rien que moi et la musique, et la lumière froide d'un écran, et ce fil qui m'y relie, comme à une fenêtre où je fouille les profondeurs d'un monde glacé pour en extraire de quoi nourrir mon appétit de songes et de musique, de mots, de paroles, d'airs chantants, de chansons claires ou bien noires comme le néant, d'épaisses liqueurs de nouvelles, de tambouilles d'écrits, de longues sublimations musicales. J'ai faim, faim de ces parcelles d'onirismes, ces fantasmes fous, ces dérivations de l'esprit, ces divagations passagères, j'ai faim, j'en crève et me dessèche, quand par trop de noyades, le monde et sa grisaille m'englue et m'enferme...

Rien, pas de sommeil, rien que le rêve; le monde peut attendre, le lendemain aussi.

Au cœur de la nuit, il est si incongru de parler d'aube! Comme si le monde se résumait à ce cercle de lumière jeté par l'écran, comme si rien n'existait tout autour, que j'étais seule, seule au monde, dans le noir et le rêve, dans cette lueur hystérique et folle qui émane du carré blanc et vaste, qui m'hypnotise et que je fixe sans fin, les yeux à demi-clos, écoutant ceux qui chantant dans mes oreilles.
Que l'heure tourne, je m'en fous; Morphée ce soir ne viendra pas et je resterai là, seule, devant cet écran si brillant qui m'attire, me raconte des histoires, me chante quelques airs au fil de mes errances. Je ne bouge pas, et je rêve, jusqu'à ce qu'enfin tout cesse, et que, finalement, je renonce; le monde attend, le monde appelle, la chaleur d'un lit et le sommeil, et la vie...

Mais je m'en fous, je rêve, et les aiguilles peuvent bien tourner...

A écouter à toute heure du jour et de la nuit, très fort, très longtemps...
Adelbert et Amelie les Crayons - Quelle heure est-il?

1 commentaire:

  1. Comme je te le disais récemment, et je te le confirme dans ton écrit qui est mon favori, j'adore ce que tu marque, continue, l'écriture ne sert a rien, sinon balancer les miasmes de nos sentiments les plus honteux ^^.

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