jeudi 15 octobre 2009

Petit Intermède Musical


Par ici!

Boulet, il écoute de la bonne musique, oui madame.

(oubliez pas d'apprécier la Dislexique Song
de Yannick le Nagard, ça vaut son pesant de choucroute.)

lundi 12 octobre 2009

dimanche 11 octobre 2009

L'Ombre et la Demoiselle (partie 1)

Il y a une échoppe, dans le centre-ville de Dublin, à l’angle de Camden Row et de Wexford Street ; un magasin qui, selon tous les habitants du coin, avait toujours été là, et y serait sans doute encore jusqu’au Jugement Dernier. J’avoue n’avoir jamais eu le courage d’y retourner, en vérité. C’est là que tout commença ; il y a des années de cela, dix, vingt, trente ans… Et pourtant cela me semble dater d’hier, et je me souviens de tout comme au premier jour. Lui, son sourire, ses manières, et sa voix. Écouter parler cet homme est un privilège, ou une malédiction ; si longtemps après, je ne sais plus très bien. Vous le connaissez. Peut être même l’avez-vous déjà rencontré sans le savoir, qui sait.
Le Diable lui-même faisait tourner la boutique. Il doit toujours le faire, vu que l’affaire était, à ce que j’en ai vu, plus que florissante. La monnaie ? Reflet, ombre, paroles… Ces petites choses dont on croit pouvoir se passer et que l’on échange contre les objets fabuleux que le démon a amassés au fil du temps.
C’est ici, dans cette brocante du surnaturel qui fleurait la poudre de perlimpinpin que le Malin tenait la caisse et décrassait occasionnellement quelque article menacé d’enfouissement sous la poussière qui avait élu domicile sur les étagères.
Il prenait souvent l’apparence d’un homme efflanqué tout de noir vêtu, dont le regard clair et perçant ne vous quittait pas d’un pouce dés l’instant où vous aviez pénétré dans son antre. Personnellement, je lui trouvais des allures de vautour, et une furieuse ressemblance avec le croque-mort de Lucky Luke. En plus jeune, et en beaucoup plus séduisant, dès lors qu’on ne regardait pas ses yeux fous.
En de nombreuses occasions je passais par-là, et toujours lorsque je contemplais la vitrine sous son linceul de poussière et de silence, je sentais l’aiguillon de son regard m’épingler sur la façade d’en face comme un vulgaire papillon. Il avait le don de fixer les gens, comme s’il savait à l’avance tout de leur vie future, qu’il savait tout de leur passé, et qu’il riait, sans fin, de les voir se démener comme des fourmis.
Parfois je regardais ceux qui sortaient de l’endroit, heureux ou inquiets, tenant dans leurs mains un peu tremblantes un paquet enveloppé de papier de soie jaune, traînant dans leur sillage de vagues ombres ricanantes et l’odeur de soufre des pactes diaboliques.
A chaque fois, quelque chose semblait avoir changé en eux.
Trop souvent j’ai pu contempler le vide sans fond de leur regard mort, bien qu’ils me saluassent avec courtoisie. Je ne souhaite à personne de croiser le regard terrifiant d’inhumanité de ces gens-là.
Mais le plus souvent il leur manquait quelque chose d’indéfinissable ; comme s’ils avaient laissé une part d’eux-mêmes dans les méandres obscurs de la boutique, sans doute en échange de quelque babiole féerique.
Voyant tout cela, il me fallut bien plusieurs mois avant d’oser entrer, de pousser la porte de cette caverne d’Ali Baba maléfique et de franchir ce seuil de pierre noire qui semblait exsuder la malveillance.
Il fallait être très courageux ou sacrément inconscient pour entrer ici en connaissance de cause. Et inconsciente, je l’étais, surtout depuis que j’étais tenaillée de près par des créanciers voraces.
Un beau jour de mars, je pris donc mon courage à deux mains et poussai la porte vitrée, faisant au passage tintinnabuler un charmant petit mobile en forme de squelette. L’humour douteux dont le Diable fait preuve m’affligera toujours.
Dés l’instant où je franchis le seuil, ce fut comme si j’avais pénétré dans une bulle, comme un espace clôt, hors du monde, à la fois ici et là-bas, où le temps semblait interdit de séjour et où la raison même était aux abonnés absents.
Les bruits de la vie citadine, murmure ininterrompu du monde, me parvenaient encore, mais faibles et diminués, comme étouffés par une longue distance.
Au dehors, derrière la vitrine sale, je voyais encore la ville: les passants, les façades grises d’un Dublin inchangé, les voitures et tout cet univers de normalité que je venais de quitter, sauf que tout était ralenti, flou et brouillé par un effet d’optique qui n’était pas seulement dû à la saleté du verre.

Partie 2

Sensations


Le vent souffle, échevelé, sauvage et libre. Il siffle dans les broussailles en contrebas, qui s'agitent follement et laissent échapper, parfois, des volées de petits oiseaux.
Depuis le promontoire où tu es posté, tu peux voir la côte qui s'étire indéfiniment, dentelée, sombre, sur le fond aveuglants des flots gris. Le soleil brille de mille feux reflétés par la mer qui respire, se fracasse, miroite et s'emporte au rythme lent des vagues. Le rivage s'allonge, plages de galets sombre et langues de pierre battues par la marée, serpente aux pieds des falaises, se perd dans le lointain.
Le vent te pousse dans le dos, le soleil pique ton visage, tout est lumière et vastes paysages; tout semble infini, entre terre, ciel et mer, le bleu peigné de nuages fins comme des rêves d'araignées, qui ponctuent l'espace de leur chevelure blanche.

Ferme les yeux. Tu peux presque t'envoler. Tu es déjà si haut.

Des odeurs te parviennent, portées par le vent: iode, vase et algues sèches; et puis, quand les rafales changent de direction, ce sont des bouffées sucrées et douces des ajoncs en fleur, l'odeur de l'herbe coupée ou de la terre remuée.

Tout se mêle.

Lumière, embruns, galets remués, poussière des chemins blancs.
Un jour d'été à la mer, quelque part à l'ouest où se brisent les vagues...

[pix: quelque part près de Lauzières, Charente-Maritime; août 2008]

Mesdames et messieurs, un tonnerre d'applaudissements pour Stupidon le Sale Gosse.
C'est une longue histoire.
(et putain ce qu'il peut avoir une grosse tête, le pauvre môme...)

Eugène Rodgers, oui madame.


Pas facile, de dessiner un éléphant faisant du trampoline, avec une banane blonde, un treillis, une trompe en fourrure rayée, des lunettes de Polnareff en forme d'étoiles, et quelques autres trucs que j'ai oubliés.

Il a un petit côté Babar-expérimental, tu trouves pas?

Petite chose pas très nette


Savez-vous tenir sur la tête?

Et c'est là qu'on commence.



Certaines personnes comparent le domaine des blogs-bd à une grande ville, où certains débarquent avec leurs petites valises pour faire leur trou, comme des pionniers, comme ces émigrés des campagnes attirés par les lumières citadines.

C'est comme ces grandes villes de l'Ouest américain, qui ont commencé comme de petits villages perdus, et qui ont enflé comme des champignons pour devenir les mégalopoles que l'on connaît. Au début, un carré de terre, trois personnes et demi, quelques coups de bêche, et hop, c'est parti.

Pour reprendre cette métaphore, imagine qu'une petite cahute est apparue, plop, au coin d'une ruelle pas très fréquentée, pas bien belle, pas bien propre.
Les murs s'écaillent, les fenêtres ferment mal, la devanture est toute branlante,
mais au moins, ça tient debout.

Pour le moment, le jardin est vide, la vitrine déserte, mais y'a plein de cartons qu'on entrevoit à peine, et qui débordent de bazard. Les rares personnes passent devant sans la voir.
De toute façon, il n'y a rien à regarder, pour le moment.
Sur le pas de la porte, quelqu'un est assit et regarde passer les gens, pressés, qui filent vers les lumières des endroits plus fréquentés, et plus attrayants, aussi.
Elle regarde, et se dit qu'un jour peut être des gens viendront spécialement pour elle.
Mais ce n'est que le début, tout reste à faire, tout est encore réduit à l'état d'espoirs, de pensées, réduit à l'intangible dans les neurones de sa petite caboche.

Elle te souhaite la bienvenue, qui que tu sois; elle t'ouvre sa porte, t'invite à entrer, à fouiller, à parler, à dire ce que tu en penses. D'ailleurs, t'explique-elle, c'est pour ça qu'elle a ouvert ce petit coin de blog entre quatre murs moisis, pour montrer le résultat de ses élucubrations aux gens, et récolter leurs avis.
Alors voilà, sa porte t'es ouverte, fais comme chez toi.