mercredi 24 février 2010

Hiver


Silence.
Aussi loin que porte ton regard, tu ne distingues que la neige qui miroite à l’infini sous le ciel pâle. Rien, pas même une pierre, qui puisse donner un point de repère sur la distance qu’il te reste à parcourir.
Seul le bruit de tes pas dans la neige vient rompre le silence qui s’est étendu sur la plaine. Depuis quand marches-tu ainsi, voyageur solitaire ? Pour toi les jours sont des heures et les heures ont passé comme des secondes égrenées au rythme de tes pas. Où vas-tu ainsi, étranger ? Nul ne sait, pas même ton esprit vagabond.

Fuis-tu ? Découvres-tu ? Recherches-tu quelque chose au-delà de l’horizon ?

Qui es-tu ?

Je papillonne un moment autour de toi, mon esprit s’élance vers le tient pour percer à jour ton mystère.

Mais il est aussi dur et figé que la pierre au cœur de l’hiver.

Des murailles infranchissables qui me repoussent.

Une sourde colère qui coure à travers toi.

Un désir inassouvi qui te ronge, une soif qui te brûle les lèvres.

C’est tout ce que je parviens à saisir au vol.

C’est étrange.

Tous ceux qui se sont aventurés sur ces terres désolées cherchaient la fortune ou gloire dans mes pièges, mais tu n’es pas venu quêter mes pouvoirs ni mendier mes richesses.

Tu marches à travers les champs de neige dont je m’entoure, et sans le vouloir tu as franchis la barrière de mon domaine, fragile et vibrant comme une toile d’araignée ; réseau impalpable de magie et de vigilance, jamais au repos, toujours à l’affût.

Ces barrières ont frémi lorsque tu es passé, et jamais ton pas n’a ralenti ni hésité.

Tu ne recherches pas la gloire ni les hauts faits d’armes ; d’ailleurs ta vêture n’est pas celle de ces aventuriers avides ni de ces paladins dévoyés qui viennent de temps à autre troubler la trame de mes terres.

Tu ressembles à ces étranges vagabonds que l’on croise le soir au coin des routes, portant leur lyre dont ils tirent des brassées de notes chatoyantes.

Des vêtements simples et confortables, usés par les voyages, une cape d’un vert terni à la capuche effilochée, des bottes de marche au cuir râpé, un bâton noueux avec lequel tu rythme tes pas réguliers comme une horloge.

Tu sembles égrener le temps au fil de ta longue marche silencieuse.

Tes épaules portent une harpe, soigneusement enveloppée de toile grise où l’on peut encore distinguer les volutes sombres d’une ancienne broderie.

Je m’approche encore de toi, pour voir ton visage au travers de tes cheveux.

De longs cheveux pâles qui virevoltent en une guirlande de lumière dans les bourrasques, de la couleur d’un reflet de lumière sur l’or poli.

Etrange.

Je vois tes yeux fixer résolument la ligne pâle de l’horizon, sans jamais ciller ni se détourner de cette cible invisible vers laquelle tu es lancé.

Pas un battement de paupière ne vient occulter ce regard clair qui semble refléter la neige comme un miroir.

Pas une ombre ne vient voiler le champ verdoyant de tes yeux.

Pas un frémissement sur ton visage.

Tu marches, comme si toutes tes pensées étaient fixées sur cet unique but.

Es-tu humain ?

J’en doute.

Tu m’intrigues, et il me plaît à croire que tu viens me visiter ; c’est une pensée plus plaisante que si tu ne foulais mes terres uniquement parce que ma demeure se trouve sur ton chemin.

Où va ta route, pèlerin ?

Où vont tes songes quand tes lèvres se referment sur une parole que le vent emporte et disperse ?

Quelle est cette fièvre qui te ronge et éteint ton regard ?

Quelle soif, quel désir inassouvi vient pâlir ton front ?

Les questions se précipitent tandis que mon esprit voltige autour de toi comme un papillon attiré par la lueur d’une bougie.

L’air frémit à peine lorsque tu franchis du même pas égal le second cercle tracé autour de ma demeure.

Mon esprit t’accompagne pendant une courte distance avant de revenir vers mon corps.

Je m’anime enfin, et jette un regard sur le paysage qui m’entoure.

Les tours vertigineuses se mêlent aux pics glacés qui se jettent à l’assaut du ciel, et la pierre s’entrelace avec la glace pour former ces cimes immobiles qui soutiennent la voûte sombre des cieux.

Silence.

Seul le vent ose encore faire résonner sa complainte dans les vallées désolées où la roche dénudée devient noire et luisante à force de pluies et de gel.

Au-delà des eaux sombres, les champs immaculés des premiers cercles s’étendent jusqu’à l’horizon tremblotant dans l’ombre perpétuelle qui le recouvre.

Des arbres aux longues feuilles noires élèvent leurs cimes murmurantes dans un jardin tout de gel et de pierres, immobile et figé sous son suaire de brume.

Mes pas ne font aucun bruit sur la pierre nue et froide tandis que je marche le long des immenses couloirs silencieux et obscurs.

Des salles se succèdent les unes après les autres, toutes enveloppées de ce même linceul tissé d’obscurité, de silence et d’oubli.

Des joyaux miroitent faiblement, des miroirs reflètent des images depuis longtemps perdues. On distingue des richesses innombrables de larmes de gemmes et d’argent dans les immensités ombreuses.

Le givre se fait diamant, et le cristal s’élève comme de la glace en des colonnes miroitantes et pures.

Silence.

Je marche.

Les pans interminables de mes voiles couleur d’hiver se mêlent aux cascades brillantes de mes boucles immaculées, je vois se refléter mille et mille fois mon image spectrale dans les surfaces polies des murs de verre.

Tu apportes le changement, vagabond mystérieux.

Je sens dans l’air une métamorphose.

Mon royaume désolé frémit et tremble alors que tu approches.

Je me rend compte trop tard de mon erreur.

Je suis mort, oubli, glace et clair de lune, froide dame de pierre en sa demeure de ténèbres.

Je sens la lumière que tu apportes au cœur de l’hiver ; je sens ton esprit s’élancer vers les champs de nuages comme pour ouvrir les rideaux d’une pièce trop longtemps fermée.

Nuit et hiver, rien n’est éternel.

Tu apportes le printemps et l’aube, voyageur silencieux.

Le sais-tu ? Tu marques la fin de mon règne, ou tout du moins un changement.

J’ai ouvert devant toi les portes impalpables de mon domaine ; derrière toi elles se sont closes à jamais.

Un baiser de gel te figera pour l’éternité, et tu rejoindras les statues de pierre qui parsèment les allées de mes jardins.

Un ultime murmure, et te voilà à mes portes.

Tu hoches la tête avec résignation, comme si ce n’était qu’un obstacle de plus sur ta route.

Les portes immenses, forgées de métal et de ténèbres, s’ouvrent d’elles-mêmes sur un frémissement à peine perceptible ; te voilà venant à ma rencontre.

Je me dresse au centre de la rosace de diamant qui couvre le sol, et les ténèbres affluent pour former un manteau vaporeux autour de moi.

Tu mets un genou en terre, courbant humblement la tête.

-Accorderiez-vous asile à un pauvre voyageur égaré ?

Ta voix résonne brièvement avant d’être happée par l’obscurité.

-Ma demeure vous est ouverte. Jouerez-vous pour moi ce soir ?

-Avec plaisir, ma dame.

Tu te relèves alors que deux silhouettes émergent de l’ombre.

Mes servantes, filles de l’obscur, te mènent à une chambre, la seule à taille humaine.

Un feu bleuté qui ne réchauffe rien flambe dans la cheminée, projetant des lumières mouvantes dans les épaisses ténèbres de l’endroit.

Tu t’assieds sur le lit aux draps tissés de gel, et pose ta harpe sur tes genoux ; tes gestes sont habiles et vifs tandis que tu ôtes la toile qui protège l’instrument.

D’une main presque attendrie, tu caresse la courbe lisse du cadre, puis tu égrènes quelques notes qui s’évanouissent dans le silence.

Tu écoutes les échos, la façon dont les notes sont happées par la paix du lieu.

Puis d’autres se précipitent, chatoyantes et colorées, qui résonnent sans fin dans les couloirs, les salles, les tours….

Une autre pause attentive, et des averses entières de tintements aussi clairs et simples que des gouttes de pluie se déversent dans les ténèbres bleutées ; chacun est semblable à un rayon de soleil qui, dans le prisme du silence, se divise et fulgure en un millier d’irisations.

Puis un air prend forme au milieu des cascades de clartés.

Un air doux et calme, nimbé de tristesse ; un air qui réveille en moi des images de lumière, de douceur et de fleurs…

Puis la musique s’accélère, enfle et roule comme pour combler un vide immense.

D’autres souvenirs, d’autres images s’éveillent en moi, remontant à la lumière de ma mémoire comme la brume s’élève d’un étang.

Printemps, soleil, herbe verte, arbres fleuris, échos de rires, scintillement sur l’eau, lumière dorée au travers des jeunes feuilles d’un arbre….

Des milliers de choses se bousculent, nées de la danse de tes doigts sur les cordes inertes.

Et soudain, une larme de glace, aussi brillante qu’une gemme, roule sur ma joue neigeuse et vient s’écraser sur les dalles lisses.

Les larmes de diamant succèdent à l’averse cristalline, s’entremêlent et se tressent en une mélodie impalpable qui résonne à l’infini dans la demeure immense.

Le spectre d’un printemps fait frémir les feuilles mortes des arbres gris.

Un tintement d’eau retentit dans les salles de pierre.

Un ruissellement se fait entendre dans les cascades figées.

Un oiseau solitaire survole les étendues de neige.

Une brise venue du sud porte les effluves du monde extérieur.

Un rayon de soleil vient se poser sur la flèche de la plus haute tour du château.

Un rayon de lumière vient percer le dôme de verre givré, se faufile dans les ténèbres et jette un voile d’or sur ma silhouette immobile et courbée.

Une dernière larme vient iriser le sol scintillant de gemmes.

Ç’en est fini de mon règne d’hiver.

Voici le printemps qui miroite sur la neige, et l’aube qui perce les ténèbres de mon cœur.

En un instant, tout s’effondre et le soleil apparaît, repoussant les nuées épaisses qui protégeaient mon domaine.

Un soupir, un murmure, et l’eau jaillit et rebondit sur la pierre.

Le vent enfin libéré chante à tue-tête dans les bourgeons pâles des arbres revenus à la vie.

La glace fond, s’évapore et s’écoule sur la pierre comme pour laver des siècles de silence et d’obscurité ; la lumière s’engouffre par les hautes fenêtres et disperse à jamais le lourd suaire.

C’est la fin de mon royaume, reine de glace emmurée dans son deuil.

J’abandonne mon corps sur la pierre pavée de lumière, petite bouffée de vapeur qui s’envole vers toi.

Tu t’es levé juste à temps pour voir l’hiver s’évanouir comme un cauchemar au matin, et pour contempler un instant les richesses mises à nu qui scintillent sous un rayon de soleil.

Et puis, silencieux comme toujours, tu reprends ta route, ta harpe sur le dos, et sur l’épaule le spectre glacé d’une reine qui te souffle d’étranges songes à l’oreille.

Vous reprendrez bien un peu de culture?


Conférence de Jeremy Narby, Plantes et Chamanisme

Ouiii je vous entend déjà dire "espèce de hippy!"
et je vous dirais: "et alors?"

Un peu de culture et d'ouverture d'esprit ça peut pas faire de mal.

[pix: quelque part autour de chez moi, je sais plus quand]

le Greco, vue de Tolède


Un ciel flou d'orage et de nuées, et la lumière qui brille, qui luit, qui danse, qui ondoie dans le vent et la brise, dans le souffle puissant qui nous balaye, nous emporte, pousse au loin les nuées
Ecoute!
Il siffle, il souffle, il chante, il s'acharne contre nous et tout le monde
Petits êtres fragiles, que sommes-nous face à lui?
Comme pour nous prouver qu'un Dieu existe bel et bien, quelqu'un là-haut
Un locataire du dessus, qui a un goût prononcé pour les splendeurs terribles et écrasantes...

lundi 22 février 2010

Pensée du jour, bonjour


Si quelqu'un m'écoute, si y'a quelqu'un quelque part qui se dit "tiens, allons voir sur la Terre, ça doit être cool", reste chez toi mec, ici ça pue.

lundi 8 février 2010

Jour de Pluie


Une goutte tombe, s'écrase sur la pierre comme une larme d'un chagrin trop immense.
A
mes pieds je vois les taches rondes s'accumuler, accompagnées par le crépitement familier des pleurs des nuages. Et moi, moi si seule dans la nuit, je verse à mon tour quelques gouttelettes au goût de mer qui viennent se mêler à celles que le ciel déverse sur moi.
Et
le vent se met à souffler, doucement, et les rideaux gris perle de l'averse ondoient doucement à la surface du fleuve indolent qui s'écoule à mes pieds.
U
ne rafale plus forte que les autres me fait vaciller un instant, mon pied glisse sur le parapet, je me rattrape au lampadaire luisant à côté de moi.
Tout autour, la nuit, la pluie, la ville silencieuse et ses halos blafards, le ciel que l'on devine bas et lourds sur nos têtes, tout semble attendre. Un signe, un murmure, un geste de ma part, ou de celle de quelqu'un d'autre.
Tou
t est silence, musique irréelle des gouttes sur la surface iridescente des eaux paresseuses, mouvement lent des rideaux de pluie qui se balancent comme des draperies de perles.
Je
suis seule. Absolument seule. Rien que moi, l'eau et la lumière morcelée des lampes. Comme si on avait enfermé des fragments de soleil dans des petites cages de verre. Je vois les flammes bleutées du gaz danser derrière les carreaux ternis.
Tout ruisselle. Tout luit. Demain, si tant est qu'une aube se lèvera sur pareille solitude, tout sera brillant au soleil. J'imagine déjà la course des nuages au-dessus des toits, la lumière mouvante des trouées de soleil, les rayons dorés plongeant jusqu'à terre pour caresser la ville.
J'imagine les flots bruns du fleuve, ses tourbillons qui envahiront les quais, les parcs et mettront les pieds dans l'eau les jardinets qui le bordent, là-bas dans sa longue courbe paresseuse.
Mais
pour l'heure la pluie tombe, et le temps passe. Une heure sonne à une église proche. Un unique son de cloche qui perce la musique de l'eau sur les pavés, le grand ruissellement des gouttes sur les toits sombres, et les clapotis des remous sur la pierre.
U
ne heure, aussi solitaire que moi, un son qui me fait frissonner.
E
st-ce que tout cela est bien sérieux ? Au bout du compte... A quoi ça rime, tout ça ?
L
a vie, la mort, le temps... La pluie s'en fout, elle. Elle tombe. Elle ruisselle. Elle bondit.
Elle
chante.
Elle
tombe.
Et mo
i avec.
Une
corolle sombre, rouge et noire, fleur de chair et de tissu.
Une
brève chute et déjà l'eau glacée qui m'accueille, me prend dans ses bras, me berce, comme une mère et son enfant. Les ténèbres. Je m'enfonce toujours plus.
La pl
uie s'en fout, elle. Elle se contente de tomber.
Les nuages, le ciel, et si c'était pour moi qu'ils pleuraient ?
Oh, c
ombien cette pensée est douce alors que je sombre dans les eaux indolentes.
Et
si.. Le soleil brillera-il demain ?
P
eut-être ? Peut-être pas ?Pour combien de temps encore ?

...

Le jo
urnal était abandonné sur le banc, ses pages blanchâtres striées des arabesques noires de ses lettrines battaient dans la brise comme des ailes. Sur la peinture verte, il se mouillait lentement, laissé là par un passant négligeant, offrant un peu de lecture à la brise qui passait par là en balançant doucement les grands arbres du parc.
Et pu
is, les rafales devinrent moins forte, les pages cessèrent de s'agiter. Dans un coin, un petit encart, à peine plus grand qu'une carte postale de l'au-delà, mentionnant qu'un corps de femme avait été repêché le matin même.
Un rayon de soleil perça l'ombre des sous-bois et se posa sur la butte, semant de pièces d'or tiède la pelouse encore mouillée de pluie.
Un écho dans le parc silencieux. Un rire, quelques larmes, et le vent qui se remit à souffler de plus belle, emportant sur ses ailes les pages grisée de lettrages serrés, quelques feuilles mortes et le parfum lourd de la terre mouillée.

Au-d
essus des toits, un soleil radieux faisait luire chaque goutte d'eau que la nuit avait laissée là, offrant une parure de diamants à la ville encore engourdie....

Divagation


Le silence. Quelques notes, un souffle de vent... Une feuille s'envole, tournoie, s'écrase dans une flaque où elle navigue encore un peu avant de s'échouer.
Je relève les yeux, me redresse un peu, et je regarde. Autour de moi, le vide; tout est désert, ou presque. Si je me retournais, je verrais les voitures, comme des coccinelles pressées, qui se précipitent sur le boulevard, grondent et pétaradent. Mais je le ne fais pas. J'oublie le vacarme qu'elles font. J'entends à peine quelques voix, quelques pas, un peu de vie sous le grand ciel tourmenté; et tout autour de moi respire la solitude, un peu morose, mélancolique à pleurer.
Je respire, lentement, et me laisse bercer par ce que j'entends: le vent qui siffle, la pluie qui tombe, douce et fine, se balançant en rideaux légers qui s'emportent et s'agitent avant de s'apaiser à nouveau.

Et sur les quais, il n'y a plus personne. Le grand ciel gris roule au-dessus de moi des nuées comme des montagnes, soulignées de gris bleuté et de blanc pur, jetant sous leur ventre monstrueux de longs voilages vaporeux qui noient peu à peu les toits de la ville. Je reste sur mon banc à regarder filer les gouttes, à rêvasser alors que tous se renferment à l'abri.

La tête en arrière, je regarde, j'écoute, mes cheveux tombent sous le poids de l'eau qui glisse le long des mèches lourdes. Je me dilue, je m'efface, je ne pense plus à rien d'autre qu'à la brise légère, à la pluie qui claque doucement sur mes joues, aux tourbillons, aux nuées, aux brumes qui se tordent et s'entremêlent au-dessus de moi.

Je n'existe plus.

De loin en loin, la perspective des quais qui s'étale comme un ruban de bitume longeant le lit paresseux du fleuve bruni, les jardins, l'esplanade où, l'été, les gosses viennent s'éclabousser. Tout se noie et sombre dans le gris, comme une aquarelle délavée; tout s'emmêle au point que l'on ne différencie plus les lignes et les teintes, que tout n'est plus qu'un brouillard flou et blanc, et la pluie se fait déluge. L'eau claque, les gouttes comme des pierres tombant à torrents, comme si quelqu'un là-haut avait ouvert les vannes du ciel, bien décidé à inonder une nouvelle fois la fourmilière que nous sommes.
Je ne bouge pas, trempée jusqu'aux os, la tête en arrière, les yeux ouverts sur l'averse qui tombe, s'abat, m'écrase, me brise les os, me brise les chairs.

Je ne bouge plus. A quoi bon?