dimanche 28 mars 2010

La mélancolie des tortues

Dimanche. Café, tête dans le cul.
Pas un le jour, me direz-vous, où l'on s'attendrait à ce que la mémoire revienne tout d'un coup, et me prenne à la gorge comme ça, embusquée dans une chanson.

Et bah si. Il s'en est fallu de peu, pour que je passe à côté; juste un air qui m'y a fait penser, et là, c'est revenu. Je sais que tu l'aimais, cette chanson; vous l'aimiez tous les deux, d'ailleurs, et on l'avait écoutée très souvent, cet été là, parce que moi aussi, j'avais adoré leurs voix, et cet air un peu triste, doux, qui résonnait si souvent dans la lumière de juillet.
Un dimanche à la montagne, une randonnée en forêt, le long trajet en voiture au milieu des pentes vertigineuses, l'ombre des grands pins et toutes ces fleurs que tu m'avais montrées, que j'essayais de retenir. Je m'en souviens, oui, et ce jour avait été fatal pour quelqu'un, il y a de cela tellement de temps!
Des années, oui; ça ressemble maintenant à un lointain passé, une autre vie, comme si un gouffre me séparait à présent de cette crevette binoclarde qui rêvait les yeux ouverts, et n'avait sur terre qu'un pied, effleurant à peine la réalité du bout des orteils. Tout a tellement changé, depuis; et les souvenirs me reviennent à mesure que je les écris, je me souviens de toi, de vous, d'eux, et de tout ce qui avait fait ma vie avant que je parte, à ton grand dam, je sais.
Tout semble si lointain... Et toi, et vous, parfois quand j'y repense je sens mon coeur se serrer. J'ai renoncé à tant de choses, tant de confort, et loin de tes bras le monde semble si froid... Alors je me blinde et j'évite d'y songer, et je fonce, une fuite en avant, erratique, vers on ne sait-où, et chaque instant me sépare un peu plus de ce cocon que j'ai quitté un jour de septembre. Maintenant que j'y repense, je me demande encore comment je n'ai pas pu me sentir paniquée, perdue, loin de tout ce que j'avais connu, paumée dans l'immensité dont je ne savais rien.

Je me suis jetée du nid, pour apprendre à voler; et j'y reviens encore, et je songe, le cœur parfois lourd, à ce temps où tout était si facile..

Elle chante

et quoi qu'en disent les Fatals Picards, Bernard Lavillier n'a pas fait que de la bouse, ne serait-ce que parce qu'il a chanté avec Cesaria Evora, et ça, c'est la classe.

3 commentaires:

  1. joli texte agrémenté d'un bien jolie chanson... Mélancolie quand tu nous tiens...

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  2. Mais oui ,j'ai lu ton texte la semaine dernière.
    J'ai attendu que mon émotion se calme ;c'est vrai je t'en ai voulu de partir si vite.Mais tu avais besoin de te frotter à la vie rapidement , même si ça fait mal.
    TU est forte et fière ,indépendante; je te fais confiance , je suis fière de toi et je crois en toi.

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  3. le nid est encore tout chaud de ta présence

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